Synthèse du CONTRAT DE TRANSITION ÉCOLOGIQUE
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Afin de pouvoir mettre en oeuvre les travaux projetés sur plusieurs années et ainsi de défendre leurs intérêts, les propriétaires riverains d'Annoville, Hauteville et Montmartin sur-mer se sont regroupés en créant l'Association Syndicale Autorisée « Vivre avec la mer »
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Sur le domaine familial, dans les marais d’Annoville, Anastase Bouet pêchait et chassait depuis tout petit. Plusieurs hectares de terrain dans lesquels il a passé toute sa vie. Un écosystème, également, qu’il a vu évoluer au fil des décennies. Aujourd’hui, il constate les dégâts : « Les arbres sont pourris, tout est mort, l’eau est croupie » , lance-t-il d’un ton désabusé, qui trahit plusieurs années de combat. Le responsable de ce paysage : le canal du Passevin. Creusé en 1803 pour assécher les marais alentour et rendre les terres cultivables, ce cours d’eau est aujourd’hui la source de tous les litiges. D’abord querelle de voisinage, l’affaire a pris de l’ampleur et concerne désormais l’État, attaqué en justice.
Le Code de l’environnement stipule que les cours d’eaux non-flottables et non-navigables sont régis par le droit privé. Autrement dit, ils appartiennent aux riverains. C’est le cas du canal du Passevin, propriété de plusieurs habitants, de Lingreville, où il prend sa source, jusqu’à Montmartin-sur-Mer, où il débouche dans le havre de Regnéville. Tous ont donc la charge de son entretien. Mais les problèmes persistent. « Il faut faire des travaux sur toute la longueur du canal » , s’acharne Anastase Bouet.
Une observation partagée par Franck Lemonnier, chargé de la qualité des eaux au Comité régional conchylicole (CRC). « Le canal du Passevin, c’est un cours d’eau à pente douce, il doit donc être curé régulièrement. » Mais qui peut s’en charger ? « La préfecture possède la compétence de police de l’eau. »
Un pouvoir auquel a fait appel Anastase Bouet en 2015. Il essuie les rejets de la préfecture et se tourne alors vers la justice. En mai 2017, le tribunal administratif de Caen enjoint le préfet à réexaminer sa demande. Cinq mois plus tard, la préfecture envoie des experts de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) sur place. Conclusion : le canal « n’est pas à plein bord et donc sans débordement [et] le travail d’entretien est conforme [au] Code de l’environnement. »
« Ils se foutent de moi ! » s’insurge Anastase Bouet, qui a vu l’affaire être classée à la suite de ce rapport. Il se tourne alors vers un expert, qui dresse en 27 pages des conclusions accablantes, loin de celles de la DDTM. « Aucun écoulement d’eau » à un endroit, « une hauteur d’eau de 3 cm pour 82 cm de vase » à un autre qui provoque « la mort des arbres » . L’expert fait aussi remarquer la nécessité « de travaux de restauration sur environ 5 km » .
La préfecture dit ne pas en avoir la charge. Les services de l’État ont l’obligation d’intervenir uniquement lorsqu’ils constatent qu’il n’y a aucun écoulement. Le Passevin « s’écoule moins bien qu’il y a un siècle, mais s’écoule quand même , assure Rémy Brun, chef du service environnement de la DDTM.Il faut comprendre qu’on est dans une zone marécageuse. Devons-nous assécher des marais ? Je pense que non. »
Mais pour Franck Lemonnier, la pollution du canal devrait alerter les pouvoirs publics. « Il y a des cyanobactéries liées à la stagnation des eaux. Les poissons crèvent, il n’y a plus de grenouilles, les canards n’arrivent plus à se reproduire… »
La communauté de communes Coutances Mer et bocage (CMB) entend reprendre le dossier. « Une étude hydraulique et géomorphologique va être lancée dans les zones blanches du territoire, dont le Passevin, en 2019 » , signale Adeline Hubert, en charge de la prévention des inondations à la CMB. Pourrait s’ensuivre quatre années de travaux, pour mettre fin à vingt ans de conflits.
Encadrés par des représentants du Symel, Éric Neuville, coordinateur technique, et Michel David, garde du littoral, ils ont effectué un double travail. D’abord du fascinage, « c’est-à-dire de la coupe d’arbustes ligneux pour, ensuite, installer les branchages sur des surfaces en creux, où le vent s’incruste, afin de piéger le sable. Ce sable est alors retenu par ces petites branches et ainsi la dune se reconstitue », a expliqué Éric Neuville. L’autre ouvrage consiste à canaliser le public. « Pour que les gens ne se promènent pas partout et ne dégradent pas les lieux, on va aménager des sentiers et clôturer des espaces sensibles. »
Le Conservatoire agit sur ce site naturel depuis cinq ans. Et le résultat est encourageant : « Depuis 2015, on a planté environ 700 m de linéaire de ganivelles, petites clôtures en bois qui piègent le sable. Et le secteur s’est bien engraissé. Les premières ganivelles sont déjà presque toutes ensevelies sous le sable. »
Conforter la dune
Une deuxième rangée de ganivelles a été posée, juste derrière la première et ce double rempart fait grossir fortement la dune rongée par l’érosion.
« L’accès à la plage par ces petits creux va être canalisé, ajoute Michel David. On va diminuer le nombre de brèches pour conforter la dune. » Le sentier, le long du littoral, va également être réaménagé sur environ 150 m. « Ces travaux sont utiles, même si on n’a pu renforcer, pour le moment, que 200 à 300 m de dune. Ce sont de petits pas mais ils sont payants. La méthode douce pour renforcer ce littoral fonctionne bien, même s’il faut du temps. On suit les mouvements de la nature. On s’adapte à chaque lieu. Chaque secteur a besoin d’un chantier particulier. »
La digue des Garennes, à Hauteville-sur-Mer, va être consolidée par un apport massif de 50 000 m³ de sable. |
Les digues sont gérées par l’intercommunalité depuis janvier 2018. Celle des Garennes, à Hauteville, va faire l’objet d’une vaste opération d’ensablement.
Depuis toujours, les digues du littoral coutançais étaient à la charge des communes ou de l’Association syndicale autorisée (Asa) Vivre avec la mer à sa création, en 2014. Cette dernière était responsable de l’entretien des digues de Montmartin-sur-Mer (350 m) et d’Hauteville-sur-Mer (845 m). La commune de Montmartin s’occupait, quant à elle, de la digue de la Porte-à-Flot (180 m), et la commune d’Hauteville de la digue des Garennes (350 m).
Mais depuis le 1er janvier 2018 et la création de la compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), c’est à la communauté de communes Coutances Mer et bocage de prendre en charge l’entretien des digues de son territoire. « Obligation de la Dreal » , la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement, précise Christian Goux, vice-président chargé de la Gemapi.
Où prendre le sable ?
Pour 2019, Vivre avec la mer a proposé à CMB de réaliser un apport massif de sable pour la digue des Garennes, de sorte à ne pas avoir à réitérer l’opération chaque année. En tout, 50 000 m³ de sable, « à titre expérimental » , viendront contrer les vagues. La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a donné son accord. Le programme, qui s’élève à 102 149 €, sera pris en charge pour deux tiers par l’association et un tiers par CMB.
Reste à savoir où prendre cette quantité de sable. « J’avais déjà demandé que le sable soit pris dans le havre de Regnéville, ce qui permettrait d’augmenter le tirant d’eau pour les bateaux , a souligné Bernard Malherbe, maire de Regnéville-sur-Mer. Je n’ai pas eu gain de cause. »
C’est en effet à la DDTM de définir l’endroit où le sable sera prélevé. Selon Gérard Paisnel, maire d’Orval-sur-Sienne, le sable déchargé sur les dunes « remonte la Sienne . C’est de l’argent perdu. Et ce sable empêche la navigation. Dans les années 1960-1970, un petit chalutier pouvait encore y naviguer, ce n’est plus possible aujourd’hui ».
Pour les élus, la DDTM est trop catégorique. « Selon eux, un havre a vocation à s’ensabler, point » , signale David Laurent, adjoint à la mairie de Gouville. Les travaux devraient être réalisés au premier semestre 2019.
Le Programme d’actions de prévention des inondations (Papi) qui concerne le secteur de la côte des Havres-Manche, pour une période de 2018 à 2024, a été validé en février, par le ministère.
Ce programme est établi entre l’État, le Département, la Région, l’Association syndicale autorisée (Asa) Vivre avec la mer, la communauté Coutances Mer et bocage et les communes d’Annoville, Hauteville, Montmartin, Lingreville, Regnéville, Orval et Quettreville. Il a pour buts de « réduire de façon durable les dommages aux personnes et aux biens consécutifs aux inondations, en mettant en œuvre une approche intégrée de prévention des inondations », selon le programme d’action comme la connaissance et la conscience des risques, la surveillance et les prévisions des crues, alertes et gestion de crise, la prise en compte du risque d’inondation dans l’urbanisme…
Le coût total de ce programme est estimé à 2 660 802 €. Pour Montmartin, il en coûtera 13 908 €, 9 092 € ayant déjà été réglés cette année pour l’achat de ganivelles.